Jour 19 – Du Strathchailleach bothy au Cape Wrath

Strathchailleach bothy (Ref grid: 248658) – Cape Wrath – Kearvaig bothy (Ref. grid: 293727)

10h10-17h00 – 18km +300m

Lundi 14 mai

Le vent souffle encore fort ce matin, mais il ne pleut plus. Quel plaisir en tout cas d’avoir pu passer la nuit à l’abri ! En plus, une fois n’est pas coutume, je n’ai pas eu froid dans mon refuge, alors que je finissais généralement gelé dans les autres bothy. Un vrai paradis donc ! Avant de partir je prends le temps de reconstituer les réserves de tourbe, qu’il faut acheminer depuis le gisement situé à quelques centaines de mètres de là. Une fois ramené de quoi subvenir aux besoins des prochains occupants et le ménage fait, c’est le départ pour l’étape finale. Le Cape Wrath m’attend à une douzaine de kilomètres, en route !

Le gisement de tourbe, à proximité du bothy

Le gisement de tourbe, à proximité du bothy

Aucun sentier aujourd’hui, il faut tracer sa propre route à travers les collines et les rivières gonflées par la pluie de ces derniers jours. Premier obstacle : franchissement de rivière justement, juste derrière le bothy. Celle-ci est bien redescendue depuis hier, mais reste haute et difficile. Après l’avoir remonté un moment à la recherche d’un passage praticable, je me lance finalement. Et voilà que je finis les deux pieds dans l’eau ! Impatience du dernier jour sans doute : pour la première fois du voyage je n’avais pas pris mes précautions et étanchéifié mon bas de pantalon. Couplé au gué un peu ardu sélectionné, ça n’a pas raté… Me voici donc avec les pieds humides 🙂

Rien de bien grave cependant, et je me lance avec hardeur à travers les collines qui m’emmèneront vers le cap. Ciel gris et bas, pluie glaciale, le paysage paraît bien morne aujourd’hui. Et au franchissement de la seconde rivière, très haute elle aussi, je me ferai surprendre de nouveau ! Je me retrouve cette fois avec un pied complètement trempé… Rien de grave toujours, mais avec les pieds mouillés j’ai froid, très froid, dans ce vent glacé, et je n’arrive pas à me réchauffer.

Le niveau a baissé, mais la rivière reste haute...

Le niveau a baissé, mais la rivière reste haute…

En route vers le cap !

En route vers le cap !

J’avance toujours et la vue du phare depuis le sommet d’une petite colline me ragaillardit. Le temps s’améliore aussi un peu en début d’après-midi, et je peux avaler mon déjeuner sans être trop rincé. Me voici donc bondissant au-dessus des dernières collines pour déboucher sur le phare, là, devant moi. Oubliés, la fatigue et le froid. Me voici au Cape Wrath, au terme de presque trois semaines de marche en solitaire.

Les dernières centaines de mètres sont vites avalées, et je découvre le site. Il est désert à cette heure, et même l’Ozone Café semble fermé. Les averses se succèdent, amenées avec une belle régularité par un vent d’ouest qui ne faiblit pas. Une accalmie m’offre toutefois l’opportunité de prendre quelques clichés entre deux grains, et je profite du moment et du plaisir d’être arrivé, à la fois heureux, et triste que ce soit le bout de la route. L’essentiel était le chemin, et il fut magnifique.

Et voilà...

Et voilà…

Le bout de la route !

Le bout de la route !

DSCF4597Après avoir profité de l’endroit un moment (et découvert qu’en fait il suffisait de toquer à la porte de l’Ozone Café pour qu’il soit subitement ouvert…), je finis par me diriger vers mon abri pour ce soir, le Kearvaig bothy, à quelques 7 kilomètres du phare. Quelques morceaux de ciel bleu apparaissent, et j’arrive finalement dans une superbe baie, au creux de laquelle se niche un bothy d’un blanc étincelant. Rouleaux qui s’abattent sur une plage de sable fin, falaises noires qui se dressent en arrière-plan, un merveilleux paysage de carte postale pour cette dernière soirée.

Le bothy est immense, et je m’installe dans la grande partie (une salle commune et quatre dortoirs !) avant de découvrir une petit pièce isolée, avec sa propre cheminée, où je déménage bientôt. Ravissement, il y a même du bois sec ! Une balade sur la plage me permet d’enrichir la réserve, et à mon retour, trois Anglais débouchent du sentir, ravis de découvrir le bothy. Ils s’installent dans la seconde partie, me laissant le plaisir de rester au calme ce soir. Petite soirée au coin du feu, en dégustant mon dernier lyo (amoureusement porté depuis le début en prévision du dernier soir ! Mais ce n’est pas pareil quand on n’est pas sous la tente…) et en bouquinant un moment. Chaque regard vers l’extérieur est un ravissement, et au moment de me coucher, vers 22h, je découvre même quelques cerfs en train de brouter à quelques mètres du bothy. Mais demain il faut se lever tôt pour attraper le ferry, alors au dodo !

Au coin d'un virage, le bothy surgit

Dans un virage, le bothy surgit

Kearvaig bothy, niché au coeur d'une baie magnifique

Kearvaig bothy, niché au coeur d’une baie magnifique

DSCF4616

Mon refuge pour ce soir, le grand luxe !

Mon refuge pour ce soir, le grand luxe !

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