Achfarry (Ref. grid: 268388) – Rhiconich (Ref. grid: 260514)
10h20-19h00 – 25km +500m
Vendredi 11 mai
Ma nuit dans les hauteurs a été très frisquette. Alternance de pluie et neige, vent qui a forci et tourné, mon refuge est devenu précaire. Je me réveille mouillé, à quelques centimètres d’une flaque qui s’est formée dans la tente malgré mon tapis de sol renforcé d’une couverture de survie. Pluie et brouillard, le temps est peu engageant ce matin. J’en reste même « au froid » dans mon duvet, n’arrivant pas à me réchauffer. Un réveil à 23h00 suivi d’un rendormissement très difficile ont eu raison de mon énergie… J’en déjeune dans mon duvet, pour la première fois du trajet !
Une accalmie fort bien venue se présente au moment de lever le camp, et je file vers Achfarry sur le plateau battu par le vent et la neige, renonçant à couper à travers bois comme initialement prévu. Avec une météo pareille, l’option est peu engageante, et je n’ai pas la motivation de me lancer dans une entreprise qui a de bonnes chances de m’obliger à faire demi-tour au bout de plusieurs heures et de recommencer à zéro l’étape du jour. Suivant l’itinéraire classique, je redescends donc du plateau et entre dans la forêt. Ca va mieux ici, le temps s’apaise à l’abri des arbres. Je dérange même une horde de cerfs en plein cœur des bois. Après avoir débouché au niveau d’un magnifique lodge (un vrai manoir !), quelques centaines de mètres de route me mènent à Achfarry. Il s’agit d’une « estate community », dont le rôle est d’entretenir la région, et cela ressemble presque à une garnison militaire. Surprenant !
Je déniche bientôt la suite du chemin, et entame la remontée du Strath Stack, au pied du Ben Stack. Dernier Munro potentiel de mon périple, il glissera également entre mes doigts : la fatigue et la météo désastreuse ne rendent pas le crochet très attractif. Sous ce temps grisâtre la vallée semble interminable, et l’on patauge sacrément ! Mais au moment de la pause déjeuner c’est soudain le bonheur : le soleil apparaît, déridant les paysages alentours. Je peux même faire sécher ma tente détrempée par les inondations nocturnes. La lumière illumine un paysage de centaines de petits lochs qui parsèment la plaine, jusqu’à la mer que l’on devine au loin.
Après avoir contourné Ben Stack, c’est la descente sur Lochstack Lodge, puis l’arrivée au morceau de choix du jour : la remontée hors sentier jusqu’à Rhiconich. Vu ce qu’il est tombé ces derniers jours, ça risque de patauger… Et ça ne rate pas, c’est humide, très humide ! Mimi cracra adorerait ça !
Oula c’est humide !
Lochstack Lodge, au loin.
La pluie se remet d’ailleurs (un peu) de la partie, mais c’est maintenant surtout un autre obstacle qui se profile à l’horizon : la traversée du Garbh Allt. Et effectivement elle est bien haute, rapide et large cette rivière ! Et tout ce qui tombe ne doit pas arranger les choses… Impossible de traverser le long du loch en tout cas, il y a plus d’un mètre de profondeur. Il va falloir remonter la rivière jusqu’à trouver un gué abordable. Mais c’est ensuite une chute d’eau qui s’annonce. Très jolie d’ailleurs. Mais peu engageante quand l’objectif est de passer de l’autre côté ! Je remonterai finalement la rivière sur plus de 2 kilomètres avant de trouver un passage, qui reste bien piégeux. Mais c’est bientôt fait, mission accomplie, je suis de l’autre côté !
Elle est bien large …
Et profonde, cette rivière…
Ca ne passe toujours pas…
Mais ici ça devrait être bon !
Je rejoins ensuite à ma route initiale, coupant à travers les vallons, et je déniche un petit coin tranquille le long du chemin pour un repos bien mérité. Et il y a même du réseau (en tendant bien le bras hors de la tente), ce qui me permet de commander les billets de train du retour !